Exposition de la grotte de Cussac

Exposition de la grotte de Cussac

L’exposition de la grotte de Cussac a ouvert ses portes ce mercredi 9 octobre à côté du cinéma !

Horaires d’ouverture

Le lieu est en accès libre et les horaires sont en lien avec ceux du cinéma:

Lundi
Mardi
Mercredi 15h – 19h
Jeudi 15h – 19h
Vendredi 10h – 12h 15h – 19h
Samedi 15h – 19h
Dimanche 15h – 19h

L’entrée est libre et gratuite ! Alors profitez-en !

Se rendre à l’exposition

Elle est située au coeur du bourg du Buisson de Cadouin, sur la place du Général de Gaulle.

Un peu d’histoire

Découverte en 2000, la grotte sépulcrale de Cussac, ornée il y a 30 000 ans, est un joyau fragile du patrimoine mondial. Bien que fermée au public pour en préserver l’intégrité, ses richesses sont désormais accessibles à tous grâce à une exposition immersive. Fruit d’une collaboration entre le Conseil départemental de la Dordogne, la commune du Buisson-de-Cadouin et l’État, cette exposition dévoile le magnifique bestiaire gravé, les motifs abstraits, les représentations féminines et les tracés digitaux qui ornent les parois de la grotte. Lieu de vie et de sépulture, Cussac demeure un site unique au monde. Sa découverte par Marc Delluc en 2000 a marqué l’histoire de la recherche archéologique.

Panneau de la découverte

Septembre 2000, l’invention de la grotte de Cussac

« Je pris conscience du privilège qui m’était accordé : celui de rentrer dans un lieu sacralisé depuis la nuit des temps… ».

Tels furent les mots du spéléologue Marc Delluc, lorsqu’en septembre 2000 il découvre cette remarquable grotte ornée, au développement impressionnant de quelque 1 800 mètres de long.

Fréquentée et ornée il y a 30 000 ans, la grotte de Cussac fut également utilisée comme lieu d’inhumation : des restes humains ont été retrouvés dans des bauges d’ours. Sur ses parois gravées, c’est tout un bestiaire qui se déploie sous nos yeux : bisons, mammouths, rhinocéros, cervidés et, de façon plus exceptionnelle, des oiseaux.

Des silhouettes féminines, des représentations sexuelles, des motifs non figuratifs, ainsi que des traces faites aux doigts complètent cette iconographie. La présence, dans un même lieu, de vestiges humains et de gravures, rare pour cette période, représente un cas unique à l’échelle mondiale.

Scellant l’accès à la cavité, l’effondrement du porche a permis son exceptionnel état de conservation pendant 30 siècles. Les sols, argileux ou calcités, les parois et leurs vestiges ont été découverts intacts, ce qui leur confère une grande fragilité.

Le cheminement de l’inventeur a été scrupuleusement respecté dès la découverte afin de conserver les traces de fréquentation de la cavité datant du Paléolithique (empreintes, objets archéologiques…).

La grotte recèle également de nombreuses concrétions ainsi que des stalactites excentriques toujours en cours de formation qui rendent ce paysage souterrain exceptionnel. Cussac, à l’instar de la grotte de Lascaux ou des grottes Chauvet (Auvergne-Rhône-Alpes) et Cosquer (Provence-Alpes-Côte-d’Azur) constitue un site préhistorique majeur.

Une grotte exceptionnelle à préserver…

La conservation

Cussac est une grotte fragile qui n’a connu comme visiteurs, depuis les hommes et les femmes qui la fréquentèrent il y a 30 000 ans, que les inventeurs de l’an 2000, et les chercheurs et les responsables de sa conservation depuis sa découverte.

La grotte de Cussac est classée au titre des Monuments historiques dès 2002, après une instance prononcée dès novembre 2000. Ce classement a permis de proposer une politique de protection patrimoniale au sein de son environnement large, grâce à des actions participatives et concertées. Depuis 2013, elle est également classée au titre des Sites du code de l’environnement suite à une étude sur le fonctionnement hydrogéologique du réseau souterrain, de son insertion dans la colline et des paysages environnants. Cette étude fut le fruit d’une collaboration entre le service régional de l’archéologie (SRA) de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).

Un plan de gestion permet d’orienter les usages de ce site vivant et de mettre en oeuvre les moyens de vigilance garantissant la conservation pérenne de la grotte. Celles et ceux qui vivent et travaillent sur la colline de Cussac en sont donc les premiers acteurs.

La préservation de ce site majeur nécessite d’établir un compromis équilibré entre la recherche – qui nécessite de rendre ponctuellement la cavité accessible aux chercheurs et équipes de conservation – et la conservation à proprement parler, qui veille à accompagner au mieux les interventions lorsqu’elles sont nécessaires.

La recherche

Depuis 2009, une équipe de chercheurs pluridisciplinaires, dirigée par Jacques Jaubert, professeur de Préhistoire à l’université de Bordeaux, étudie le site dans le cadre d’un Projet collectif de recherches (PCR) soutenu et financé majoritairement par le ministère de la Culture (DRAC).

Ces études portent sur des champs très variés : la formation et l’évolution du réseau souterrain (karst), les témoins de sa fréquentation par l’ours puis par l’homme (griffades, bauges, mouchages de torche, outils, empreintes de pas, frottement des vêtements sur les parois dans certains secteurs…), mais aussi l’art pariétal et l’anthropologie pour l’étude biologique des défunts et des pratiques funéraires.

… et à transmettre

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Pour des raisons de conservation et de sécurité, l’ouverture au public est inenvisageable, car elle entraînerait d’irrémédiables dégâts. Seules les rares visites scientifiques et techniques sont autorisées. La réalisation d’une exposition, en libre accès, pour présenter à tous la richesse archéologique de cette grotte s’imposait donc.

Projet porté par le Conseil départemental de la Dordogne, en partenariat avec l’Etat – ministère de la Culture – et la commune du Buisson-de-Cadouin, cette exposition est coproduite par les trois partenaires. Le Département assume le rôle de maître d’ouvrage, tandis que l’État assume les missions et le financement de la recherche et de la conservation depuis la découverte. Ce dernier est, par ailleurs, en grande partie propriétaire de la cavité.

Afin d’ancrer le projet de mise en valeur de la grotte de Cussac dans la commune du Buisson-de-Cadouin où elle se situe, le Conseil départemental de la Dordogne a fait l’acquisition d’un bâtiment à proximité du cinéma Lux, sur la place du Général de Gaulle, qui abrite l’exposition.

Cette exposition a été conçue sur la base des recherches scientifiques et conservatoires mises en oeuvre dès la découverte. Elle s’articule autour de quatre sections (la visite, conserver pour comprendre, découvrir et interpréter et contempler) composées d’archives et de témoignages inédits. La plupart des panneaux ornés de la grotte de Cussac sont présentés en suivant le même parcours que celui qu’empruntent les chercheurs dans la cavité.

L’exposition présente également un focus sur les enjeux de la recherche scientifique qui y est menée depuis une quinzaine d’années, et ceux qui prévalent en matière de conservation. Deux fac-similés, réalisés par l’AFSP complètent l’exposition : le panneau de la Découverte et l’une des sépultures, le Locus 2, reproduits à l’échelle 1.

L’exposition consacrée à la grotte de Cussac a été conçue pour rendre compte et transmettre un patrimoine exceptionnel (une grotte ornée sépulcrale), ainsi que le fruit de 24 années dévolues à la préservation, à la mise en sécurité du site et à la recherche scientifique pluridisciplinaire.

La présence de trois locus

Locus 2

Le locus 2 est représenté à l’échelle 1

Gravée il y a près de 300 siècles, la grotte de Cussac est considérée comme un haut lieu de l’art pariétal. Fait rarissime, la cavité abrite des dépôts d’ossements de six individus. On s’interroge encore sur la signification de ces oeuvres ainsi que sur leurs liens avec les vestiges humains.

Localisés dans un passage en méandre et totalisant une surface de 60 m2, les locus 1 et 2 constituent un ensemble de bauges à ours contenant des vestiges humains. Le Locus 2 est également une bauge qui conserve un squelette quasi complet d’un individu masculin adulte couché sur le ventre.

La disposition des ossements pose plusieurs questions aux anthropologues : ont-ils été déplacés par la montée des eaux qui a affecté ce secteur de la cavité ? Auraient-ils été déplacés par des animaux, voire des humains ?

A plus de 200 mètres de l’entrée de la grotte, des corps ou des ossements ont été déposés dans plusieurs dépressions formant le locus 3. Les ossements appartiennent à au moins trois individus. L’analyse des vestiges humains a aussi révélé des traces de colorant. Ces ossements, situés loin de l’entrée de la grotte, déconcertent les chercheurs.

Marc Delluc, un cuisinier devenu inventeur

La grotte de Cussac fut découverte le 30 septembre 2000 par Marc Delluc. Bien qu’il en soit son inventeur, selon l’expression consacrée, il n’a jamais voulu qu’elle porte son nom.

La première visite d’expertise juste avant la déclaration de découverte. Marc Delluc (à gauche) et Norbert Aujoulat (à droite) encadrent David Massoulier, Bernard Bitard et Fabrice Massoulier. Photo Chr. Archambeau/MC

La première visite d’expertise juste avant la déclaration de découverte. Marc Delluc (à
gauche) et Norbert Aujoulat (à droite) encadrent David Massoulier, Bernard Bitard et Fabrice
Massoulier. Photo Chr. Archambeau/MC

Le 30 septembre 2000, le spéléologue Marc Delluc longe un escarpement dans un bois du Buisson-de- Cadouin. Près d’un abri sous-roche, il détecte un courant d’air. Il franchit une chatière puis se heurte à un éboulis de blocs et de plaquettes calcaires. En ôtant une à une ces dallettes, il se fraie un chemin et débouche sur une très grande galerie qu’il parcourt sur une centaine de mètres. Il reconnaît des gravures. Il poursuit son exploration le 7 octobre en compagnie des spéléologues Hervé Durif et Fabrice Massoulier. Ils parcourent 600 mètres de galerie, découvrant gravures et vestiges humains. Conscients de l’importance du site, ils interrompent leur progression afin de ne pas dégrader les sols argileux et les parois de calcaire fragile.

Le lendemain, ils avertissent Norbert Aujoulat qui visite la grotte avec Christian Archambeau du ministère de la Culture. La découverte est officialisée.

Cuisinier de métier dans une caserne militaire, Marc Delluc fut par la suite intégré aux équipes de recherche de la grotte. Il participa à la cartographie de la cavité, à l’étude de sa fréquentation animale et humaine ainsi qu’aux relevés d’art.

Marc Delluc n’a pas demandé que la grotte porte son nom. Elle fut alors baptisée «grotte de Cussac» en référence à l’ancienne paroisse où elle se situe.

En septembre 2009, Marc Delluc est entré dans la grotte, cette fois pour raconter, devant la caméra de Pascal Magontier, son incroyable odyssée du mois de septembre 2000. Ce film est présenté aux visiteurs de l’exposition.